Du cep au verre

«Claire nuit à l'Épiphanie tonneaux bien remplis.»

«Le jour de la saint-Vincent (22 janvier), si le soleil luit comme un grand chapeau on aura du vin plein le tonneau.»

C'est la saison d'hiver, la vigne se repose.

Le vigneron, à cette période de l'année, est au plus proche d'elle : c'est le moment de la taille.
Chaque pied de vigne est façonné de telle sorte qu'il soit le plus sain et le plus productif possible .
Le vigneron élimine le bois mort qui peut éventuellement se trouver sur chaque cep "il coupe les cornes".

Une fois le bois mort éliminé, il taille le cep.

Taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars !

TOINE m'avait raconté :

Que jadis, les vignes du BEAUJOLAIS n'étaient pas taillées.
Un beau jour le "JOSEPH" ("Dzeuzé" en patois) avait eu la visite de Saint MARTIN à califourchon sur son âne. Venu tout droit du paradis pour visiter le Beaujolais et se rendre compte comment vivaient les vignerons qui travaillaient très dur pour ne pas gagner grand chose et qui produisent le vin de messe.
Après avoir refait le monde et vider le caquillon et laisser l'âne gambader, Saint MARTIN voulut regagner le Paradis. Le Dzeuzé découvre alors une catastrophe : l'âne avait mangé une partie des jeunes bros fraîchement poussés ! Dzeuzé entre dans une colère que Saint MARTIN essaie de circonscrire en lui disant que si DIEU avait laisser faire un tel acte, ce n'était pas le fait du hasard !
Chacun regagne ses pénates, et le Dzeuzé tout penaud ne dit mot à personne de l'aventure qui venait de lui arriver.
Les vendanges arrivèrent et si la quantité de récolte de la partie ravagée par le baudet de Saint MARTIN était bien moins importante, la qualité du vin était exceptionnelle. Des raisins de toute beauté ! Tout le monde vint de tout le Beaujolais pour percer le secret du Dzeuzé.
Dzeuzé analysa l'affaire et se dit que la sève du cep ne devait pas se disperser, c'est pourquoi l'année suivante, il tailla sa vigne en février et c'est depuis ce jour-là que le vin du Beaujolais est si bon !

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Plusieurs types de tailles caractérisent le vignoble Beaujolais.

Cette taille est la plus répandue du vignoble Beaujolais.

Le cep est alors constitué de 5 "porteurs" composés de 2"yeux" ou bourgeons. Ce sont sur ces "porteurs" que se formeront les fruits.

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Cette taille nécessite un palissage sur lequel viennent se nouer les cornes du cep.
Ce mode de taille permet un très bon étalement de la végétation sur le palissage, favorisant ainsi la maturation du raisin et facilitant une aération naturelle du cep limitant ainsi le développement de certaines maladie telle que l'oïdum par exemple.
Très répandue en Champagne, elle a ses adeptes en Beaujolais.

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Au moment de la taille, le vigneron regroupe les sarments qu'il coupe en petits tas régulièrement disposés dans les rangs de vignes. Un fois la taille finie, il ramasse ces tas de sarments : il sarmente.
Ces tas sont regroupés et brûlés.

"Dis donc Fiston : les brochons, c'est moi qui vais les ramasser ?"

Tout d'abord, le vigneron sélectionne le cépage du "greffon" qui donnera les fruits : Gamay pour les vins rouges et Chardonnay pour les vins blancs (en règle générale).
Ce greffon est directement tiré d'un sarment coupé au moment de la taille. Il est issu d'une vigne répondant aux critères que s'est fixé le vigneron : bon état sanitaire de la vigne, vigueur des ceps, similitude des sols, etc.
Ce greffon est ensuite greffé sur le porte greffe qui lui est issu de plants américains naturellement résistants au PHILLOXERA.

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A la fin de l'hiver, le vigneron profite des premiers beaux jours pour préparer le terrain de ses futurs plantations.
Sachant que la durée de vie de la vigne est parfois d'un siècle, toutes les meilleures dispositions doivent être prises pour assurer son développement.
Le terrain doit être draîné si besoin est ( la vigne n'aime pas l'eau). Il est labouré profondément après avoir été largement enrichi (fumier naturel de bovins).
Il est ensuite "hersé" avant la plantation du cep.

La plantation d'une vigne doit se faire dans un délai relativement court afin que les greffes ne sèchent pas. C'est un travail assez long c'est pourquoi c'est l'occasion pour les vignerons de s'entraider. Ce qui se fait en toute convivialité et sympathie.

Certains terrains se prêtent très bien à la plantation à la machine. Sur notre secteur, la mise en oeuvre est un peu plus hardue en raison des pentes et contre-pentes.
La machine est montée sur un tracteur qui suit une ligne tracée au cordeau. La machine est équipée d'un laser qui permet une correction de trajectoire de plus ou moins 30 centimètres. Les intervalles de plantations peuvent être très variables en fonction des différents vignobles.
Il est possible de planter entre 8 000 et 10 000 pieds par jour.

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Régulièrement le vigneron enrichit le sol en fonction des besoins de celui-ci.

Les fertilisants sont à base de produits naturels : fumier de bovins, marc de raisins, algues marines, etc.

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C'est le début du printemps (mars avril), la vigne ne va pas tarder à "démarrer", c'est le moment du désherbage.

Désherbage mécanique.

Le désherbage mécanique consiste à éliminer l'herbe par un travail continuel du sol.
Les opérations de labour successives éliminent progressivement l'herbe. Le soleil et le temps sec sont des alliés incontournables pour que l'herbe ainsi arrachée ne repousse pas.

Le buttage : un sillon est creusé entre les rangs de vigne.

Le débuttage rebouche le sillon creusé en ramenant la terre déposée lors du buttage sur les ceps.

Désherbage chimique.

Depuis de nombreuses années, le vigneron se soucie de la protection de l'environnement. Il a mis en place "la culture raisonnée". Programmes de traitements contrôlés.
Utilisation de produits biodégradables, etc.
L'application des produits est également très contrôlée avec la mise en place de nouvelles normes.

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Vigne qui pleure : Vigneron qui rit !

Au printemps, lorsque la vigne "pleure", c'est signe que celle-ci reprend vigueur et qu'elle a survécu aux rigueurs de l'hiver.




Sur les photos ci-dessous, vous remarquerez les gouttes de sève qui s'échappent des "porteurs".

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"Dis donc Fiston : T'as vu la vigne brille !"

Moment privilégié du TOINE : pour lui c'était vraiment le printemps, il avait entendu chanter le coucou, c'est pourquoi à cette époque de l'année, il avait toujours une pièce d'or dans sa poche ! La richesse sera là si vous avez une pièce d'or dans votre poche lorsque vous entendrez chanter le coucou pour la première fois de l'année.

Revenons en à la vigne qui brille.

"Tu vois Gone, tu te mets dos au soleil, tu te baisses au niveau des ceps et tu regardes la vigne un peu plus loin. Tu remarqueras une tache lumineuse au bout de chaque corne".
En effet les jeunes pousses qui sont juste formées brillent au soleil.

Cependant le vigneron a encore quelques inquiétudes : le risque de gel est très présent et ces jeunes et tendres pousses sont très vulnérables.

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«S'il pleut la nuit de la nouvelle année le laboureur n'aura guère de denrées et n'aura pas de bon vin pour noyer son pauvre chagrin.»

C'est le mois de Mai, les grappes sont déjà formées.

Hé P'tiot : c'est fin mai, la fleur est passée, tu vas aller moucher l'plantier du Vernay. Après, t'attendras ben le 15 pour relever, et pis tu troncheras dès qu't'auras fini ! Tu mettras ben le caquillon dans la cadole, y fait tant chaud !

 

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Le palissage ou relevage consiste à attacher les ceps afin que les bros se tiennent et ne soient pas endommagés par le vent.

Le palissage se fait soit sur fils de fer posés à demeure soit sur ficelles renouvelées chaque année. Une ficelle est tirée de chaque côté du cep sur toute la longueur du rang. Les bros sont passés entre les deux ficelles qui sont maintenues serrées par des agrafes. Le principe est le même pour le palissage sur fils de fer.

Le relevage est le procédé ancestral. Le vigneron lie le haut de chaque cep un par un. Les premiers liens étaient en osier ou en paille de seigle tressée. Les liens sont maintenant en fil de fer très fin enrobé d'une protection dégradable. Le noeud est très particulier pour qu'il puisse résister aux intempéries parfois violentes en cas d'orage.

En cette période estivale, le vigneron reste très vigilant quant à la qualité sanitaire de la vigne. La combinaison des fortes chaleurs et de l'humidité résiduelle générée par les orages favorise grandement le développement des divers champignons : Mildiou, Oïdium, Black Rot, etc.

Les traitements appliqués en "lutte raisonnée" nécessitent une constante surveillance de la récolte. Notre vignoble, jusque là épargné par le Black Rot a subi cette année de très sévères attaques, des parcelles ont été décimées à près de 80%.

Le vigneron procède également à la dernière opération de cisaillage ou tronchage ou encore rognage. Elle se fait soit manuellement, soit mécaniquement.

Le cisaillage limite le développement foliaire du cep favorisant ainsi l'apport de sève à la grappe. Chaque extrémité du sarment est coupée. Cette extrémité donnera, quelque temps plus tard, naissance à plusieurs nouvelles feuilles qui seront autant de capteurs solaires pour le cep ce qui favorisera grandement la maturation des grappes. Ces nouvelles pousses sont également très sensibles au développement du Mildiou notamment.

Comme vous le savez, la vigne demande beaucoup d'attention tout au long de sa croissance.
Le vigneron surveille de très près la présence de maladies telles que Oïdium, Mildiou, etc.
Différents traitements sont appliqués en fonction des diverses attaques.
Ces traitements se font toujours "en lutte raisonnée".

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C'est le mois de juillet, la chaleur est très présente, chaque cep capte les rayons du soleil, le raisin grossit et change de couleur : c'est la véraison.
Les belles grumes passent du vert au violet.

Le moment tant attendu est enfin là ! C'est la concécration d'une année de labeur avec toutes ses incertitudes.
Les grappes ont une belle couleur violacée, si le soleil a été de la partie durant ces mois d'été, cela laisse présager une récolte de qualité.